La petite histoire qui suit a été publiée dans mon livre '' Chroniques Paléoludiques '' qui est disponible à l'achat - papier ou ebook - sur le site de mon éditeur :
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Je venais de poser le dernier point de la dernière voie au Crapaud de Mer.
Le St Laurent coulait paresseusement au pied de la falaise et la marée basse avait fait apparaître le sable grossier de l’anse fermée abritant le Crapaud.
-« Tu ne t’occupes pas de moi! » – Chloé luttait avec son nœud en huit depuis dix minutes.
Je serrai l’écrou une dernière fois, par acquis de conscience, puis le gri-gri me déposa sur la terre ferme, quelques mètres plus bas. Rapidement désencordé, je m’approchai de Chloé.
-« Attends, attends… ça ne sert à rien de pousser le brin de corde. Regarde : il faut casser le nœud comme ça! »
Je saisis sa corde, toute neuve, et je pliai le huit pour l’agrandir. J’ai de grosses mains : la corde céda sous la pression.
-« Quant à être là, défais donc ce satané harnais. La sangle est vraiment difficile à passer dans la boucle! »
Je me mis à genoux face à elle. Effectivement, la sangle était revêche… Chloé s’approcha pour me faciliter les choses. D’un coup sec, je libérai la boucle : simple, le nylon était un peu effiloché… son harnais tomba sur le sable.
Chloé s’approcha un peu plus. Juste assez pour que mon nez se retrouve à quelques centimètres de son nombril.
-« Tu ne pourrais pas essayer de débloquer le nœud mécanique de mes Japhet Cool? Ces pantalons sont superbes mais l’idée des nœuds mécaniques! Un velcro serait tellement plus pratique…»
Je saisis le nœud mécanique qui glissa comme un neuf. Bon, bon, bon…
-« Chloé… on se connaît à peine… tu voulais apprendre à poser des ancrages fixes mais… »
Elle fit lentement descendre son pantalon Japhet Cool.
Elle ne portait qu’un petit string, un string minuscule, décoré au centre du triangle fatal par une abeille butineuse.
Elle fit glisser son string et la petite abeille alla butiner sur le sable.
Rien à faire sauf faire marcher mes doigts autour la ruche et caresser les globes sous son top…
Chloé soupira d’aise. Je me sentais un peu mal : Chloé était la copine d’une vague connaissance. Mais comme elle était majeure et vaccinée, tous les espoirs étaient permis.
Oh oui… voilà une élève exceptionnelle qui avait rapidement saisi les éléments requis à la pose d’équipement de protection fixe.
Mes doigts continuaient à tourner autour de l’axe du mal. Il faut dire que l’axe était proéminent et que chaque passage amenait une lamentation digne de l’exil des tribus d’Israël. Chloé avait acquis un mouvement ondulatoire que je supposais à l’imitation des vagues qui venaient mourir à quelques pas de nous. Et la prochaine marée atteindrait des hauteurs record si j’en jugeais par l’inondation qui submergeait mes doigts.
Ses fesses étaient fermes et je ne me gênais pas pour les caresser tout en titillant l’endroit où s’était posée l’abeille butineuse. Quelques pressions ici et là, le tour de la ruche sans même y pénétrer et voilà que Chloé se cabra sec et hurla à la lune. Quelques oiseaux, surpris, prirent leur envol.
Chloé retomba dans mes bras. Une Vénus sortant de la mer.
-« C’est pas juste! Tu n’as rien fait sauf tourner autour du pot!! Tu ne peux pas me laisser comme ça… il est encore tôt… allons chez moi : j’ai des draps neufs! Du satin… »
Elle tirait sur mon t-shirt avec insistance. Je remontai son string et son pantalon.
J’étais exténué : équiper une voie puis jouer dans le triangle des Bermudes. Satisfaire, dans la même heure, Vénus et le Dieu des falaises.
Ma main courut sur son sein et révéla qu’une éruption était à prévoir… un volcan faisait jour. Les femmes et les grimpeurs d’abord!
-« Une minute, laisse-moi écrire le nom de la voie. »
Il ne faut jamais laisser son travail inachevé.
J’embrassais son front, sa bouche, son cou, ses mains… mes doigts firent un sprint vers le seul mont qui vaille la peine d’être grimpé plusieurs fois…
Il existe maintenant une nouvelle voie, la dernière, courte mais intense, au Crapaud de Mer. Le site le plus petit, le plus laid des environs. Un site d’avenir parce qu’il n’y en a plus d’autres.
Un nom au pied de la paroi: « Le Taon de Vénus »!