Comme annoncé , la journée est froide et humide ...
Un samedi froid et humide , le genre de samedi où la foule se précipite dans les centres commerciaux .
Moi , le samedi , je déjeune au restaurant : pas besoin de me casser la tête et je n'ai même pas à commander . Mon assiette arrive d'elle même ce qui démontre que je suis une créature d'habitudes .
Du moins pour les samedis matin .
Voyant tout ce H2O tomber du ciel - j'ai la table devant la vitre - je me suis décider à rouler vers le bas du fleuve pour y prospecter des skis anciens .
C'est 90 minutes d'autoroute , La Pocatière .
On y trouve quelques falaises équipées par les soins de votre serviteur ... mais tout est trempé et , sous les arbres , il y a encore de la neige . Une petite ville administrative ...
De La Pocatière , je prends le chemin du retour , l'ancienne route qui borde le fleuve .
C'est là qu'on trouve quelques magasins d'antiquités .
Hélas , soit ils sont fermés parce qu'il n'y a que moi d'assez fou par visiter le coin hors saison . Soit ils sont ouverts mais il n'y a pas de skis ... En fait je suis passé à une semaine près d'une succession comprenant huit paires de skis en bois !
Mon nom est donné et les prochains qui apparaissent , le marchand me contacte .
Roule , roule sous la pluie , St Roch des Aulnaies , St Jean Port Joli , L'Islet ... de jolis villages qui figureraient très bien comme lieux de tournage pour des séries d'horreur villageoises .
Un peu plus loin , j'arrive à l'unique endroit où j'ai surfé sur le St Laurent .
Et il y a des vagues ...
Et même des Kiteux qui attendent une embellie .
C'était il y a bien longtemps : je ne possédais qu'une seule planche , un longboard de 10 pieds de type NSP ..
On m'avait dit que 25 nœuds venant du nord ...
Alors je m'y suis rendu dès que la bise fut venue .
On entre dans l'eau et on cale dans la vase à mi-mollet sinon presque aux genoux .
Chouette !
Les vagues ne s'alignent presque jamais : c'est le fleuve et il n'a , en diagonale , que 25 à 30 kilomètres de large sans compter les îles .
On voit bien la pointe sur les photos - oui , oui , c'est de la neige à terre - et le rivage opposé est à une dizaine de kilomètres . On l'aperçoit très bien par temps clair . La pointe , elle est couverte de chalets devenus grands avec le temps : des maisons à la mode .
Par contre , tous et chacun jettent leurs vidanges à l'eau et le vent rabat les objets flottants vers la plage de schiste rouge .
Tous les objets , condoms inclus .
C'était dégoutant ... je ne suis jamais retourné à l'eau dans le fleuve !
Plutôt rouler cinq heures qu'avaler ce bouillon de culture . Surtout que je sais maintenant que les grosses villes purgent leurs systèmes d'égout en catimini, annuellement . Vous vous souvenez sans doute des huit milliards de litres de merde de la ville de Montréal l'année dernière ... direct dans le fleuve sans traitement .
Voilà ...
J'ai stoppé un peu plus loin pour m'acheter un cornet de crème glacée molle à la grande stupeur de la demoiselle qui vendait du fromage .
La crème glacée molle , c'est le thériaque universel !
Elle réussit à nous faire oublier une journée de mai perdue et envolée .
Deux crèmes glacées et j'aurais sans doute accepté de me jeter à l'eau ...