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Le Fil de Presse ...

11/29/2014

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Carte postale expédiée le 9 novembre 1907 ! Destinataire : Miss Gladys Young , de Tracadie , Nouveau Brunswick!
Encore une fois , Miss Young apparait dans le décor ...
Pour célébrer cette miss Young et sa vie , oubliée depuis bien longtemps , voici une petite histoire courte qui parle des difficultés de couple lorsque l'un des conjoints fait de la montagne !

Fil De Presse

 

 

L’horloge, dans le coin de la pièce, égrenait les secondes dans un tic-tac lancinant.

 - Tu n’aurais pas la décence de baisser ton journal et de me parler, Jules?

 - ………..

 - Jules! Je te parle, pour l’amour de Dieu! Deux ans qu’on est marié, deux ans… avant, tu avais du charme, des prévenances, de l’entrain… maintenant, deux ans plus tard, tu me regardes à peine, tu ne me touches plus, tu passes tes journées de congé avec tes amis à grimper ce sommet et puis l’autre plus loin… ce n’est pas une vie de couple, Jules! Tu m’écoutes, Jules?

 - Oui, oui, je t’écoute! Tu vois bien que je suis à lire les prévisions météo… il fera grand beau, demain, pour notre ascension du Pilier de la Brebis Égarée… tu peux me préparer une collation? Et n’oublie pas le demi de rouge pour le sommet!!

 - Jules… notre couple, Jules… et dire qu’on voulait des enfants!

 - On en aura, on en aura, des enfants… le moment venu, on en aura… n’oublie pas le demi de rouge, deux parts de gâteau, un gros pain… et puis au diable la dépense… une bouteille de rouge que tu mettras dans mon sac… Grand beau demain! Le sommet est à nous… je vais étrenner ma nouvelle corde en chanvre…

 - Jules, pense à moi… pas à demain…

 - Oui, Clotilde, un gros pain…

 
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 - Ce fut un choc, Antoinette, ce fut un choc! Quand les gendarmes sont venus frappés à ma porte pour m’annoncer l’accident… j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps! Un homme si bon, un mari si fidèle… je ne m’en remettrai jamais!

 - ……..

 - Ce qui est arrivé? Écoute… à ce que m’ont dit les gendarmes, Jules surmontait un pas difficile au Pilier de la Brebis Égarée, une escalade rocheuse difficile. Tu sais combien il était brave! Le pauvre chou… il était toujours aux petits soins… donc il a fait un faux pas et sa nouvelle corde de chanvre – mon cadeau pour la St-Valentin – a frotté sur un coin de rocher et s’est coupée en deux!!! Il a chuté de cent mètres… on ramène son corps au moment où je te parle!

 - ……...

 - Je ne sais pas ce que je vais devenir, Antoinette! Un homme qui voulait fonder une famille, un athlète, un professeur de lycée… ce sont les meilleurs qui partent en premier! Je ne sais plus où donner de la tête… les funérailles auront lieu le plus rapidement possible : ma peine est immense et imaginer ma vie sans lui, ce pauvre Jules!

 - ………

 - Le docteur? Le docteur Paternoster? Mais c’est mon médecin, le docteur Paternoster! Il viendrait à l’enterrement?? Cet homme a des mains, mais des mains… il prend mon pouls et je tressaille! Et il ne fait pas d’alpinisme… non… ah, il joue aux boules… quel homme intriguant… tu lui diras qu’il est invité à la réception après la cérémonie… personnellement invité… je fournis les boules… voyons Antoinette! Les boules aux dattes et au rhum : je viens de les commander chez le traiteur pour la réception! Je te laisse, il y a tellement de choses à préparer!!!

Clotilde remit le cornet du téléphone sur son réceptacle et alla s’asseoir dans le salon.

Elle posa la lime sur la petite table de service… depuis la veille qu’elle jouait avec cette lime… Puis elle saisit le plus récent exemplaire de La Modiste Française et se mit à le feuilleter… pourquoi elle avait besoin de garder cette lime maintenant, se dit-elle?

Aussi bien la jeter en même temps que toutes les affaires de Jules! Le docteur Paternoster jouait aux boules… qui avait besoin d’une lime? Et puis Clothilde était sure qu’il désirait des enfants…




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Thanksgiving...

11/28/2014

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Carte postale expédiée de Buffalo Mills le 28 novembre 1909 ... destination ?
Duquesne, Pennsylvanie , adressée à madame A.R. Hallar  mais on lit '' Hello Dear Eva Andree '' donc cette Eva Andree devait vivre à 204 Peter Street , Duquesne, Pa .

Pour ceux qui ne le savent pas , cette partie des USA étaient canadienne avant la perte de l'Amérique française ... Fort Duquesne , c'est l'endroit où les Canadiens ont capturé Washington en 1754 ... oui , oui , le vrai Washington ... pour le laisser partir le lendemain avec ses troupes sans armes ni bagages !
Il en a sans doute tiré des leçons appliqués pendant la guerre d'indépendance ... non , pas vraiment ... car il a expédié Bénédict Arnold et ses troupes se faire massacrer devant Québec .
Fort Duquesne n'a jamais été capturé ! Les franco-canadiens l'ont détruit plutôt que de le laisser tomber entre les mains des Américains .

Tout cela pour souhaiter un Happy Thanksgiving à mes amis au sud de la frontière !
Et un Joyeux Black Friday ...

This postcard was mailed from Buffalo Mills November 28 , 1909 .
Destination : A.R. Hallar , 214 Peter Street , Duquesne , Pa ... the house is still standing .
But the person who was to received that card was : ''Hello Dear Eva Andree'' so it is probable that Eva Andree was boarding at that place . No family name : we will never know who she was ...

For those who don't know , this part of the USA was canadian before the conquest ! Fort Duquesne ... this is the place where the great Georges Washington was captured by canadian troops in 1754 . He was sent packing the day after without arms or luggage !!
I imagine he learned something because he sent Benedict Arnold against Québec in 1775 instead of coming himself . That army was annihilated ...

Fort Duquesne was never taken - and they tried , believe me - and it was destroyed by the franco-canadian forces retreating to defend the land closer to the Great Lakes .
I was thinking that maybe we should reclaim Fort Duquesne but Pennsylvania , really ?? Much better to ask Maine to join Canada ... at leat we will gain some sandy beaches !

All this to wish an Happy Thanksgiving to my American friends !
And a spendelicious Black Friday !!



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Le Feu de St-Elme !

11/27/2014

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Le Feu de St-Elme

 

 

Un premier éclair frappa le massif du Putz, amenant avec lui le craquement assourdissant du tonnerre. Immédiatement, une pluie diluvienne s’abattit sur le Tendron, un sommet secondaire du petit massif.

Là, abrités sous un surplomb au relais de la troisième longueur, deux grimpeurs.

 - Je le savais, je le savais, je le savais que nous ne devions pas venir grimper aujourd’hui… la journée où Hugues est à Paris pour un colloque et voilà… je décide, comme une dinde, de te suivre en montagne alors que le temps est incertain.

 - C’est l’expérience, Ginette! C’est l’expérience de la vie en montagne! Tous les grimpeurs de renom se sont retrouvés sous un surplomb pendant un orage!

 - Tu es un idiot, Yann… je ne suis pas un grimpeur de renom… tout ce que je veux, c’est une raison de sortir de la maison… je ne suis plus capable de supporter Philippe, mon idiot de mari… tu imagines : choisir de passer le weekend au colloque sur les Grilles d’Égouts à travers les Âges! Plutôt que d’être avec moi…

Deux éclairs simultanés firent vibrer le rocher.

 - Au moins nous sommes au sec, Ginette! Tu n’as plus aucun métal sur toi, hein? On reste sur les sacs et les cordes et il ne nous arrivera rien.

Les lueurs infernales de l’orage éclairaient les sommets et la pluie paraissait encore plus violente si la chose était encore possible.

 - Je suis sur un paquet de corde, les 50 mètres de corde grise que Philippe m’a offerts pour mon anniversaire! 50 mètres de corde grise… même pas foutu de m’acheter du parfum ou un bijou… il a sans doute acheté la corde la plus laide du magasin, celle en solde.

 - Ginette, en quelque part il t’a aimé! Tu es jolie, intelligente, vive et tu as une carrière prometteuse. Tu fais les meilleures pâtisseries de la commune! Il sait que tu es unique… Bon, j’avoue que responsable des aqueducs et égouts pour la moitié du département… même si c’est un département rural… c’est beaucoup de travail mais ça ne demande pas trop d’imagination… J’imagine qu’il utilise correctement ses boules… de nettoyage!!!

Yann éclata de rire. Un éclair alla frapper la paroi au-dessus de leur surplomb et les deux grimpeurs sentirent une légère décharge électrique.

 - Nous allons mourir ici, sur cette paroi! lança Ginette. Nous allons mourir ici électrocutés, noyés, gelés!! Tout est perdu… Ah tu veux savoir à propos de ses boules de nettoyage, Yann ? Je vais t’en parler, de ses boules… ça fait huit mois qu’il ne m’a pas touché! Oui, huit mois… monsieur l’égoutier en chef passe son temps à regarder des vidéos porno à l’ordinateur. Il dit que je ne fais pas le poids, qu’il est insatisfait, qu’il n’y a que ça qui le branche… Donc ses boules, Yann… il peut se les mettre où je pense!!!

Ginette défit les sangles de jambes de son baudrier ajustable. Elle retira son manteau et son t-shirt puis commença à tirer sur ses capris.

 - Mais qu’est-ce que tu fais, Ginette? Tu ne vas tout de même pas…

 - Yann, écoute-moi bien. Je le fais avec toi ou sans toi! Quitte à mourir, aussi bien mourir avec le sourire aux lèvres, non?

 - Mais Ginette, on ne va pas mourir… c’est juste un gros orage!

Comme pour lui donner raison, un éclair alla frapper la paroi une seconde fois, causant une seconde décharge électrique qui fit pointer les mamelons de Ginette.

Comme c’était si gentiment offert et considérant la situation à la troisième longueur du Tendron, Yann détacha les sangles de son baudrier, enleva son t-shirt et ses shorts puis cala le tout sur le rocher pour créer une surface isolante.

 - Tu sais que tu es très belle??? J’en ai souvent rêvé mais là…

 - Vite, Yann! L’orage est encore plus fort….

Yann fait courir ses mains sur le corps de Ginette qui l’entoura de ses jambes.

 - Oublie les préliminaires! Laisse tomber!! Fais-moi l’amour comme une bête…

Des éclairs virent frapper à répétition le Tendron. De l’électricité statique courut le long d’une fissure juste au bord de leur surplomb. Le sol vibrait ce qui n’arrangeait pas les choses pour Yann qui expérimentait des problèmes d’alignement.

 - Tu le fais ou pas?

 Yann leva les fesses au ciel et ressentit des picotements sinon de petits chocs électriques qui le stimulèrent à souhait. Il y a donc une certaine vérité dans la technique d’entrainement musculaire par l’électricité, se dit-il…

Le vent faisait voler la pluie horizontalement, les éclairs frappaient sans arrêt le Tendron et les sommets voisins, le tonnerre était assourdissant.

Yann se recula pour examiner l’état des lieux et, ayant finalement trouvé la bonne direction, il allait s’élancer quand un éclair plus fort que les précédents toucha le bord du surplomb.

Une flamme vacillante prit naissance au bout de l’engin de Yann, une flamme qui pulsait…

 - Yann! Yann! Tu es en feu!!!! cria Ginette…

Yann s’enfonça dans les profondeurs et Ginette poussa un cri qui aurait pu être entendu par-dessus le fracas du tonnerre.

Neuf mois plus tard naissait, à la maternité de Vire-Capot, un beau gros garçon à la chevelure déjà bien fournie. Un garçon à la tête blonde… mais possédant une mèche d’un roux flamboyant au sommet de la tête!

 - Comme le Feu de Saint -Elme! dit Ginette en prenant le bébé qu’on lui tendait. Je crois que je vais te nommer Sparky… tu en penses quoi, Yann???



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Le point G doit-il être en stainless ?

11/25/2014

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Les raisins de la Californie , vous connaissez ?
Des moments de bonheur , voir ces petits raisins danser et chanter : une des grandes réussites des années 1980 ! Tout aussi drôle , mon dernier texte: une petite histoire érotico-grimpistique !







Le Point G doit-il être en Stainless ?


 

J’étais au sous-sol, dans mon atelier, à préparer le matériel pour équiper une nouvelle voie d’escalade au Cap Breton. Une voie de plusieurs longueurs, facile à souhait et qui devrait attirer une foule dès sa création.

Devant moi, perceuse et cordes. Harnais et marteaux. Points et colle…

Et photo. Une photo de la falaise sur laquelle j’avais tenté de placer à l’œil, et identifiés par des lettres, les relais et les gougeons. Un exercice tout à fait vain, c’était clair, mais qui avait le mérite de me situer dans cet océan vertical : il est nécessaire de connaître la totalité du matériel requis si l’on veut faire le travail en une journée.

Mais cette falaise, elle est à quelques kilomètres de l’Atlantique… alors j’utilise quoi?

Je me versai un autre verre de vin, espérant que la vigne apporterait des réponses. C’est à ce moment qu’elle entra dans la pièce en coup de vent!

 - Devine ce que je me suis acheté? dit-elle en faisant balancer devant mes yeux un sac de chez ‘’Éros Tique’’, la boutique d’accessoires coquins.

 - Un tablier de soubrette? Un bikini en néoprène noir? Un uniforme d’infirmière sexy??

 - Pas du tout, pas du tout… mais qu’est-ce que tu es en train de faire avec tout ce bordel sur la table de ma mère?

 - Je te signale que la table de ta mère est maintenant dans le sous-sol… ce n’est pas une table qui vient du Château de Fontainebleau, hein! Ta mère l’a gagnée au bingo il y a de cela vingt ans!!!  Et je prépare ma prochaine voie, voilà!

 - Ne te fâche pas… mais si tu égratignes la table… et si ma mère descend dans le sous-sol lors de sa prochaine visite, elle va être en furie! Elle voulait nous la donner pour Noel…

 - Mais elle est déjà ici, cette table! Comment elle pourrait nous donner quelque chose qu’on a déjà?

 - Tu connais ma mère… ça lui fait tellement plaisir de donner qu’elle donne deux ou trois fois. Et c’est quoi le problème avec cette voie?

 - Plus tard, plus tard… qu’est-ce que tu as acheté?

Elle sortit de son sac une boite de bonne dimension et fit apparaître :

 - Voici le Globulo Turbo 500!!!

 - Mais c’est un godemiché…

 - On ne peut rien te cacher… j’ai pensé que ça mettrait un peu de piquant à nos relations surtout que depuis quelque temps, l’orgasme, il ne vient pas tout seul!

 - Tu veux dire que je ne suis pas assez compétent, c’est ça? Je ne te satisfais plus??

 - Non, non, tu es jeune et beau et vigoureux et tout… ma mère m’avait bien dit de trouver quelqu’un qui prend soin de sa forme physique… mais avec le Globulo, ça va aller plus vite et je vais pouvoir dormir plus longtemps. Regarde…

Elle sortit l’engin de la boite… Bernard Gui, l’inquisiteur bien connu, avait sans doute été consultant lors de la création du modèle… Pourquoi pas Gros-Bulo plutôt que Globulo?

 - Et regarde bien ça! Quatre vitesses de vibration, deux vitesses de rotation et deux vitesses de va-et-vient… plus la fonction turbo qui dure une trentaine de secondes… on garantit le septième ciel si on lance le turbo au bon moment!

 - Mais ce sont les mêmes fonctions que ma Ryobi à essence! Sauf pour le turbo, bien sûr.

 - Grand fou! Le Globulo fonctionne avec six batteries D ou bien un prise 220 volts. Regarde…

Elle pressa le démarreur. Un vrombissement régulier se fit entendre. Puis elle monta le rhéostat jusqu’à la fonction turbo… la tige siliconée de la grosseur d’un missile de croisière vibrait, tournait, avançait et reculait dans un vacarme digne d’une mine d’amiante.

 - Et tu vas te servir ce ça? Mais ça va faire mal!

 - Du tout, du tout… on m’a vendu ce nouveau produit, un lubrifiant à base de soie tiré de vers à soie biologiques et équitables! Totalement naturel, le produit…

 - Moi, pour ma prochaine voie, je me demande bien si je dois utiliser de la colle Ostrica 100 à base de pieds d’huitres en chaleur ou bien la Ragni GG avec un substrat de glycoprotéines provenant des araignées et plus résistante que l’acier. Toutes les deux sont utilisables en milieu humide et se lient au rocher en moins de quelques minutes…

 - On ne parle pas de ta prochaine voie! On parle de notre vie de couple!!! De notre vie                s-e-x-u-e-l-l-e … rien à voir avec la colle ou la perceuse!

 - Mais je peux mettre de vies en danger si je ne choisis pas le bon mélange! Il y a quelques semaines, en Sardaigne…

 - Je m’en balance de la Sardaigne!! C’est de notre avenir dont il est question! C’est de mon plaisir … tu veux que je sois heureuse, non?

 - Bien sûr, bien sûr… mais là, tu ne trouves pas que je suis en compétition avec un monstre mécanique? C’est comme forer à la main et percer avec ma Ryobi… un gars s’épuise de percer à la main…

 - C’est ce que j’essaie de te faire comprendre : tu n’auras plus à forer à la main! J’ai acheté l’équivalent d’une Ryobi pour le lit…

 - Et l’électricité? Tu as pensé à notre compte d’électricité? Ça doit bouffer du courant comme c’est pas possible, ton Globulo!

 Elle pointa l’objet vers moi…

 - Tu ne vas pas me reprocher de dépenser trop d’électricité alors que toi, tu te douches quatre fois par jour tellement que tu as créé un micro-climat équatorial du côté de la salle de bain.

 - Bon, bon… on arrête de se chicaner… c’est très beau ce que tu as acheté et nous allons l’essayer dès ce soir… pour le moment je dois trouver quelle sorte de point je vais utiliser à la seconde longueur : du stainless ou du galvanisé? Et si c’est du stainless, je dois prendre du 304 ou du 316? Si seulement je pouvais avoir du 316L…Mais le galvanisé est moins cher … Le problème, c’est la deuxième longueur, lorsque le couvert des arbres n’est plus présent…

 - Tu es fou… je te parle de notre vie sexuelle et tu me parles de stainless! C’est une fixation!! Ma mère m’avait bien dit de me méfier des trompe-la-mort… Tout ce qui te fait plaisir, c’est percer des bouts de rocher dans la province voisine… Et moi qui t’offre mon corps!!!

Elle jeta le sac de Éros-Tique par terre, posa le Globulo 500 Turbo et enleva d’un coup son top. Je jetai un coup d’œil sur les globes qui venaient d’apparaître… et quel nombril… du 12, rien de moins! Puis elle tira sur son pantalon qui rejoignit le sol : elle n’avait plus que ses bas!

Je sentis du coup un besoin pressant de faire tourner la perceuse!

Du revers de la main je vidai la table, jetant au sol les points pour faire un peu d’espace.

Je me suis levé, j’ai descendu mes shorts Gramicci et j’ai attrapé la fille de sa mère par les fesses pour la coucher sur la table. Aucune résistance… et elle n’avait que ses bas…

Quelle idée que ce lubrifiant à base de soie équitable! Le lubrifiant coulait déjà à flot et ma perceuse s’enfonça sans problème dans les abysses, le martèlement de l’engin causant bientôt des soupirs et des plaintes et des tiraillements. Et la session de forage ne faisait que commencer…

C’est alors que se fit entendre le vrombissement d’un petit avion. La belle avait attrapé le Globulo Turbo et sa main s’approchait dangereusement du site de forage!

Le vrombissement s’éleva de plusieurs crans et assourdit une lamentation dont la mère de la fille aurait été jalouse.

Moi, me yeux tombèrent sur la photo… sur l’emplacement des points… là, à la deuxième longueur, où j’avais marqué le Point G, je devrais utiliser du stainless?

Vous croyez, vous?

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Crédulité et Culture

11/24/2014

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Carte postale provenant de Hawaï , sans doute milieu des années 1960 . Si quelqu'un reconnait les surfeurs sur la photo , j'aimerais bien le savoir . Cette carte n'a jamais été expédiée , 

 Crédulité et Culture

Je devrais arrêter de lire les informations !

Pour tout dire , j’ai le sentiment de vivre la fin d’un monde . Sans doute le même sentiment que ressentaient  les philosophes antiques lorsque l’Empire Romain est devenu chrétien . Lorsque la tolérance et l’intelligence ont cédé le pas à la superstition aveugle , au refus de la différence .

Non , ce n’est pas l’âge … je suis de ceux qui croient que ‘’ the older I get , the better I was ! ‘’ donc je ne vis pas dans le passé .

C’est que , tout simplement , la société non seulement n’a pas respecté sa promesse d’une   ‘’ Civilisation des Loisirs ‘’  - et ce malgré les 51 milliards qu’ont coûté les derniers J.O. d’hiver – mais encore , et beaucoup plus important , elle sombre dans la détestation de la modernité , la mise en doute de la méthode scientifique , le rejet d’un avenir meilleur . Elle accepte le retour aux idoles , aux dieux , aux héros .

Vous doutez ?

Regardez les séries télévisées populaires … tous les protagonistes ont des ‘’pouvoirs’’ surnaturels . Ce sont des surhumains qui nous font rêver ! Oubliez l’usage discret de l’intelligence … Et les livres sur les comptoirs ? Combien se réfèrent à dieu , aux rêves , au tarot , aux anges ? Combien de gourous qui guérissent de toutes les façons possibles et imaginables ?

On assiste à une résurgence majeure du fait religieux . Nous n’avons pas plus de preuves qu’il y a deux mille ans mais les masses sont prêtes à croire … prêtes à croire mais aussi prêtes à massacrer ses voisins qui n’ont pas le même lien avec la divinité du moment . Ou son prophète …

Je n’ai même pas à vous donner d’exemples : ouvrez votre téléviseur pour en être convaincus !

Nous avons réussi , collectivement , à nous poser sur une comète mais , collectivement , nous sommes convaincus à 80% que les anges et démons existent . Je vois la comète et je peux calculer sa trajectoire – enfin , pas moi mais d’autres plus intelligents que moi – mais jamais je n’ai vu d’ange ou de démon .

Nous retournons au moyen-âge … Erdogan , le président turc , clame l’inégalité entre les hommes et les femmes … une semaine après avoir annoncé que les musulmans avaient découvert l’Amérique …  Le président d’une nation de 77 millions de personnes aux frontières de la Grèce , le berceau de la démocratie et de la connaissance moderne . Il y a de quoi craindre pour le futur !

L’être humain est loin d’être rationnel .

La biologie y est pour beaucoup mais l’éducation peut et doit amener l’humain à dépasser son cadre physique . Hélas je en vois plus de tels efforts amenés par les gouvernements qui ont pourtant l’obligation de nous amener collectivement vers une civilisation plus juste et plus éclairée , un milieu où les arrière-mondes ne seront plus que des histoires pour les petits enfants .

J’ai reçu , aujourd’hui , l’avis de décès de l’association Surf Art Festival qui organisait , à Biarritz , une exposition annuelle sur la culture surf et le surfing art .

J’ai participé à cet évènement en 2013 , y présentant un de mes ouvrages . Il était évident que quelque chose n’allait … J’ai rédigé un petit mémo avec une suite de suggestions visant à redresser la barque .

Je peux être très mauvais en surf et n’y avoir aucune autorité morale néanmoins j’ose croire que mes capacités de gestionnaire , sinon de visionnaire , sont de bonne envergure . Hélas , on ne m’a pas pris au sérieux …

Qui a dit que toujours faire la même chose , de la même façon , amène obligatoirement les mêmes résultats ? Une fois , cinq fois , huit fois … l’attrait de la nouveauté passé , un évènement comme ça n’est destiné qu’à glisser vers les Limbes .

Étrange , vous ne trouvez pas ? Toutes ces entreprises du monde du surf qui montent en flèche pour ensuite imploser suite à une mauvaise gestion , une suite de décisions absurdes , un refus d’avancer et d’innover .

C’est ce qui s’est produit à mon plus grand regret !

Le monde du surf perd une vitrine superbe pour diffuser sa culture . Dommage !

Et dire qu’à Biarritz , on a noyer le poisson , jetant aux oubliettes le projet d’un Musée du Surf qui était tout à fait pertinent dans l’historique du surf européen pour créer un Musée de l’Océan insipide , vide de toute substance , insignifiant face à des musées similaires dans le monde .

J’espère qu’une organisation relèvera le défi et relancera l’évènement . Il sera trop tard pour moi mais , comme je l’ai dit plus haut , je crois au progrès .

Mais à quand le Grimpe Art Festival ?

Il y a Mer et Montagne … ne pourrions-nous pas copier , avec succès cette fois , un élément annuel qui diffuserait l’art et la culture de la Grimpe ? Remarquez , je ne parle pas de la Montagne parce qu’alors on va m’apporter des vaches d’Abondance et du fromage de brebis des alpages .

Non … un Grimpe Art Festival … pour illustrer ce qui entoure la grimpe : peintres , illustrateurs , écrivains , journalistes , photographes , etc .

Il faut donc espérer que je vive très vieux …

A moins que … et si j’avais une vision … si quelqu’un me parlait des Grandes Montagnes        au-delà de l’Horizon , me dictait des commandements et une série d’obligations parfaitement loufoques mais néanmoins crédibles parce que venant du … du quoi ?? C’est à voir … Et des récompenses après la mort , tiens … Du calcaire qui ne patine jamais , des traits qui s’effacent d’eux-mêmes , des prises toujours creuses , dix groupies au sol qui applaudissent à chaque mouvement .

"Une ignorance profonde, une crédulité sans bornes, une tête très faible, une imagination emportée: voilà les matériaux avec lesquels se font les dévots, les zélés, les fanatiques et les saints."

Jean Meslier 1664-1729




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Visite Paroissiale  

11/23/2014

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Visite paroissiale

 

 

 - Stop! dit Norbert. Pas besoin d’aller au Frétillon tout de suite : nous étions en route pour voir l’église de Clécy. La logique voudrait que les livres de mon oncle soient cachés dans une église. Enfin, le message semble indiquer une église…

Les quatre hommes rebroussèrent chemin en direction de l’église de Clécy, emportant avec eux le chat assassin, toujours dans les bras de Gennarino.

 - Il a un nom, cet animal? demanda Pennequin.

 - Avec un chat, pour éviter d’être déçu, il vaut mieux ne pas lui donner de nom, répondit Julien. Le dicton affirmant qu’il faut appeler un chat, un chat, est parfaitement vrai! De toute façon, il ne viendra pas et ne fera rien de ce que vous espérez. Ou c’est son voisin qui va s’approcher! Non… ‘’chat’’, pour cette race, demeure le générique idéal pour les individus spécifiques.

Le vent s’était levé, amenant avec lui les dépliants épars annonçant la nouvelle résidence d’artiste de Clécy. Puis un gros cerf-volant passa au-dessus des marcheurs : une immense guêpière, appartenant sans doute à la Mère Mérope, volait en direction de l’Orne.

Gennarino donna un coup de pied sur un caillou qui alla fracasser la vitre d’un soupirail. Le groupe accéléra l’allure et tourna au premier coin pour entrer dans une ruelle. L’inspecteur admira les façades borgnes qui devaient dater de l’Ancien Régime.

 - Vous ne trouvez pas ça étrange, ces ribouldingues quotidiennes à Clécy? On ne voyait pas ça cet hiver… ni auparavant, d’ailleurs. Est-ce le printemps tardif qui a allumé la population? Pourquoi cette année plus que les précédentes?

 - Mon opinion professionnelle, pour ce qu’elle vaut, c’est que les pulsions sont souvent cachées, refoulées, et que certains éléments ou évènements les font ressurgir à la lumière. Chez Vibra-Styl, on recevait, en une ou deux semaines, des commandes massives d’une région spécifique et puis plus rien durant un an. Le mois suivant, c’était une région géographiquement éloignée de la précédente qui s’intéressait à nos vibrateurs. Je serais curieux de connaître le pourcentage d’augmentation des ventes pour la Suisse Normande…  

 - Si je comprends bien l’explication, il faut un évènement ou un élément… dit Pennequin. Mais à Clécy, quel serait l’évènement déclencheur? Il ne s’y passe jamais rien. Aucune vedette, aucun concert, pas de livres…

 - Il y a la petite collection libertine de mon oncle. répondit Norbert.

 - Une trentaine de livres datant du XVIII siècle dont la plupart sont inconnus du grand public. Et d’ailleurs, ils sont perdus.

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La carte postale ?
La Roque-Gageac en Dordogne . Image qui doit dater des années 1960 .
Il y a le site du Céou pas tellement loin : 180 voies .
Le Château de la MALARTRIE que l'on aperçoit au fond fut au tout début un lazaret - les lépreux - pour être ensuite transformé en château d'opérette qui semble , pour tout dire , charmant .
Rien à voir avec Clécy , le sujet du texte plus haut . La première page d'un chapitre d'un livre que vous ne lirez jamais . Ce qui est bien dommage !
Clécy a son château , La Landelle . Une maison de maîtres plutôt qu'un ouvrage défensif .

A bientôt !

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Rubicone ...

11/22/2014

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Je suis à terminer une bouteille de '' Vino Novello '' , un Rubicone Sangiovese , embouteillé à Fossalta di Piave ... 11.5% d'alcool ...
Je sais , je sais ! Je vais avoir tout un mal de tête plus tard ce soir !
Surtout que le menu au souper , c'est de la fondue au fromage !!

Quelle vie, hein ?
La micro station de ski où je me défoule ouvrait aujourd'hui avec seulement trois bas de pistes dont le bas du snow park . Si je me présente , il est évident que j'embroche un ou deux des milliers de jeunes qui dérapent actuellement vers le chalet .
Quand on skie avec des skis de downhill de 215 cm , il faut un minimum d'espace vital .

De dépit , je me suis ouvert une bouteille de Novello , la version italienne du Beaujolais Nouveau .

Encore plus parce que je me suis dit que je devrais bien aller magasiner pour de nouvelles bottes de ski ! Mon pied droit est passablement amoché , résultat de la rencontre avec un pick-up quand j'étais jeune . Jamais réparé : mes parents n'avaient pas l'argent !
Il me faut donc une botte large .

A vie , mes bottes les plus confortables , ce furent des Hanson Spyder et des Salomon SX 91 et 92 Équipe . On parle donc des années '80 et '90 ...
Depuis hier , je cherche des SX92 Équipe tellement je suis découragé du choix offert par les marchands . Je serais prêt à acheter une botte usagée datant de la fin des années '80 plutôt que de subir la torture d'une botte moderne !

L'année dernière , je me suis acheté des Atomic Burner 120 .
A mon avis , jamais l'Inquisition n'a eu de pareil instrument de torture !!!!
Tellement serrées , étroites , que je ne pouvais faire qu'une ou deux descentes . Puis j'allais remettre mes bottes de télémark ...

Je suis un skieur agressif ... je pourrais être considéré comme un expert ... Vous allez me dire que je fabule , que je me vante ... comme disait un homme célèbre :     '' Qui m'aime me suive ! '' ... je maintiens mon affirmation !

Donc je vais magasiner les bottes de ski .
Pour un pauvre type comme moi , on m'offre une botte à $800. !
$800 pour une botte qui va se vendre , l'année prochaine , la moitié du prix actuel . $800 pour une botte que je vais ''casser '' en deux ans !!

Comment justifier un tel prix ?
Impossible !

Et si vous aviez entendu les '' conseillers '' ... En me voyant arriver , ils pensent avoir affaire à un vieux bonhomme sur le retour ... je me suis fait dire un tas , mais un tas de lieux communs sinon de faussetés ... et j'écoutais ce qu'on avançait aux autres clients ...
Pathétique ! Juste à coté il y avait une fille accompagnée de ses parents et elle voulait un ski large avec des couleurs '' de fille  '' !! Pour faire du hors-piste ... La demoiselle avait de la difficulté à lacer ses souliers ... enfin , elle ne connaissait pas du tout les marques de skis . Elle est sorti de là avec la paire la plus chère du présentoir ... que j'avais vu à $229 avec fixations sur le web la veille !

Moi aussi je suis sorti ... mais je n'avais rien dans les mains .

Alors que le ski alpin était un sport pour le moins démocratique il y a quelques décennies , il est clair que , maintenant , c'est un signe de statut social . D'ailleurs j'en aurais long à vous raconter sur ma discussion , ce matin , avec quatre professeurs d'université qui occupaient la table voisine lorsque je suis allé prendre mon café . Quelle condescendance envers les gens qui ont un faible revenu ... quelle arrogance !!!

Pas étonnant que notre société soit maintenant si mal en point !

Lorsqu'on accepte les limitations de sa classe sociale , lorsqu'on les prêche en chaire , lorsqu'on croit qu'il est impossible de s'en sortir - légalement ou illégalement - et bien il y a un sérieux problème !

Comment pouvez-vous espérer une égalité des chances si ceux qui enseignent au plus haut niveau n'y croient pas ?

Tout cela ne règle pas mon problème de bottes de ski alpin !!!
Je songe maintenant au Black Friday , aux USA .
Mais aller aux USA avec toute cette neige sur les routes ??
Ohhh , j'en ai mal à la tête !!! 

La photo ?
Une carte très drôle que je place ici en hommage à mon ami de toujours , Martin Laplante , qui demeure à Tracadie .
Car la carte fut expédiée à Tracadie , Nouveau Brunswick , le 15 avril 1909 !
Un dénommé Antonin l'a postée à Miss Gladys Young ( 1890-1959 selon mes recherches ).
L'amour , toujours l'amour !
Comme quoi nous n'avons rien inventé ...

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I am nearly done with a bottle of Vino Novello , the Italian Beaujolais Nouveau .
Obviously I will have a major headache in a few minutes ...

Today , I went to check on the alpine ski boots .
Wow ! what a scam ... what a scam ...
I need a very large boot but something performance oriented . I could be considered an expert skier . Well I am probably an expert skier as no one can ski as fast as I do ... skiing 215 cm downhill skis 4 to 5 times a week ... you get good or you get killed !

The best boots I ever has were Hanson Spyder and Salomon SX91 and 92 Equipe . Meaning the '80 and '90 ... I would e willing to buy a pair of 92 Equipe anytime even if they are old : I checked on the internet ...

For me , with a very large foot , it means $800 now ... and you should have seen the guys at the shop ! So much false informations and they get thrown in jail ! They sold a pair of ski with '' girl colors '' to a family , the more costly in the rack , even if the girl in question wanted to do offbound skiing without even knowing the name of the popular ski brands ...
If I was still on the ski patrol , I am quite sure I will pick her up in the next weeks !

$800 I would have to pay ... $800 for a pair of boots that will last two years . I bought nothing and I think about going to the US for Black Friday .  Can you imagine ? Skiing was a very democratic sport in the '80 and now only the very well off can afford the gear and tickets .

I go every morning to a Brulerie to drink my coffee . I don't want to keep coffee home because I would drink it one cup after the other !
Four university professors next to me discussing poverty and accepting the fact that if you are poor , you wll never get out of poverty : you are stuck in your ''class'' .
Typically French ...

I told them that , yes , poor people can improve their lot if they accept to cheat and lie . Because no one will give them the boost they need : they will always be considered outsiders as they do not have the networks others have .
Cheat and lie ??? They were not in agreement ... in fact who was I to contradict their class feelings ?
Well ... the mafia types and the drugs dealers and all improve their lot , isn't it ?
The poor guy who resigns himself to a job at Wal-Mart or to the drudge of a manufacturing job will never improve anything ... he will stay poor and his children will stay poor .
So I told them that if university professors think that there is no way that anyone can cheat destiny , what can be expected ?
Then I left ...

Skiing is screwed ...
My feet are also screwed if I cannot find a decent pair of boots .
Black Friday , maybe ???

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Dérapage contrôlé ... 

11/19/2014

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Et c’est ainsi qu’une saison après avoir débuté en ski alpin, je me suis retrouvé ‘’ patrouilleur ‘’ pour Ski-Secours Québec !

Ski-Secours Québec … une autre organisation balayée par le temps et repoussée aux confins de la mémoire collective. Amalgamée à la patrouille canadienne de ski, il n’en reste rien sinon quelques photos.

Mais à cette époque, être membre de S-S Q, c’était faire partie de l’élite des skieurs. Billet de saison payé, uniforme fourni, réduction à la cafétéria de la station … le fait d’être patrouilleur allait permettre à mon père d’acheter le matériel et les billets pour mon frère et ma sœur.

Économiquement, c’était fantastique pour la famille. Et pour un adolescent comme moi, le prestige de l’uniforme laissait espérer des conquêtes faciles parmi le lot de débutantes que je ne pourrais qu’impressionner…

J’ai donc suivi les cours de premiers soins durant les fins de semaine. Nous sommes loin des techniques modernes ! On nous assignait une petite trousse portée à la taille : épingles à couches, compresses, bandages triangulaires, ciseaux et diachylon. Rien d’autre … voulant dire qu’il était préférable pour un skieur , à l’époque, de ne pas frapper un arbre. De toute façon, l’ambulance arrivait au bout de vingt minutes et l’évacuation par hélicoptère était inconnue. J’ai donc appris à poser des bandages, stopper une hémorragie, immobiliser un blessé et donner le bouche à bouche.

Le bouche à bouche ? Évidemment la partie la plus excitante du cours. On devait pratiquer sur un mannequin – idem pour la réanimation cardiaque – mais le seul fait de penser bouche à bouche laissait envisager d’infinies possibilités… A cet âge, on ne pense pas au gros bonhomme fumeur accro qui vient de consommer six bières au bar! On imagine plutôt Barbara Eden  ( ‘’I dreamed of Jeannie’’ : elle jouait la djinn ) qu’on doit sauver d’une avalanche !

Vint le mois d’octobre et les premières neiges. Sessions de pratique à la station : immobiliser , immobiliser , immobiliser… plus immobile que ça, le blessé, et il était mûr pour se faire momifier!

Le local de la patrouille se résumait à un petit rectangle dont un coté servait de lit/banc/chaise. Un lavabo, un miroir, une armoire et la porte donnant sur l’extérieur. Les skis restaient dehors mais toutes les bottes se retrouvaient sous le banc. Il était à espérer ne jamais avoir plus d’un blessé à la fois parce que l’espace était pour le moins limité. Et à 8 patrouilleurs … mais à cette époque tout ce beau monde était en ski en tout temps  et le walkie-talkie n’était qu’une innovation vue à la télévision. Je pouvais facilement faire trente descentes par jour, quelquefois plus ! Au pire, le préposé à la remontée nous avertissait qu’il y avait un blessé quelque part sur les pentes.

La station étant ouverte pour les pratiques de premiers soins, cela signifiait que les employés travaillaient à couper le foin dans les pentes, attacher t-bars et pomas, vérifier la machinerie. Pendant ce temps, les propriétaires, directeurs, investisseurs… tout ce beau monde était dans le bar. La saison de la chasse battant son plein , c’est à qui avait l’histoire la plus rocambolesque que tous croyait volontiers après avoir ingurgité une ‘’caisse de 12’’. Voulant dire 12 bouteilles …

 Non … pas moi … encore aujourd’hui, la bière ne me dit rien qui vaille !

Début novembre, aux premières neiges, la première chose accomplie au Mt Hibou, c’était l’arrosage de la patinoire! Pas de neige artificielle et pas de canons, donc il était obligatoire d’attendre quelques bonnes bordées avant de permettre l’accès aux pentes. Mais la patinoire… la patinoire… le sol gèle bien avant l’arrivée de la neige et, dans tous les villages aux alentours, il existait une patinoire dédiée uniquement à la pratique du Ballon-Balai!

Ah bon … vous ne connaissez pas le ballon-balai… facile! Imaginez un ballon de handball dur, gelé dur en fait. Une patinoire complète avec ses buts de hockey.  Deux équipes de six hommes sur la glace, tous dans un état fortement alcoolisé. Chacun de ces hommes tient un balai dont la paille est coulée dans le plastique liquide ce qui la rend aussi dure que le bois.

Voilà!

Ahhhh… les règlements? Le but du jeu , c’est d’amener le ballon dans le but de l’autre équipe en le frappant avec le balai… Il n’y a pas d’autres règlements! Si vous avez le ballon, on peut vous frapper avec le balai. Si vous n’avez pas le ballon, on peut vous frapper avec le balai. Si vous pensez entrer sur la patinoire, on peut vous frapper avec le balai. Si vous avez le ballon et que vous venez du village voisin et que vous avez regardé avec concupiscence la sœur du gardien de buts de l’autre équipe, tout le monde va vous frapper sans retenue. Et , avant la fin de la partie, il y aura sans doute une bagarre générale pour venger l’honneur de la demoiselle qui, pendant ce temps, passe la nuit avec un joueur de l’équipe à affronter la semaine suivante!

C’était, à l’époque, un massacre… et spécialement au Mt Hibou parce que le bar se trouvait à un escalier de distance de la patinoire et que les joueurs du village se prenaient pour Casanova… A ce jour , il n’y a pas de dentiste à Stoneham parce que tous les adultes d’un certain âge ont perdu leurs dents à jouer au ballon-balai!!!

Le ski servait à amener de l’argent à la maison mais le ballon-balai était LE sport par excellence et l’ouverture de la patinoire demeurait l’évènement attendu par tous les hommes du coin et par les ambulanciers et policiers qui s’y donnaient rendez-vous pour ramasser les blessés et faire cesser la bagarre. Une fois seulement un policier a tenté de jouer… il s’occupait de l’école de ski et était un tantinet arrogant devant ceux qu’il considérait comme des retardés. Il a mangé une raclée, mais une maudite raclée… tellement qu’il a quitté notre petit monde! Pour une fois que les paroissiens avaient la chance de se venger d’un policier qui , représentant malheureux de son groupe de travail , leur donnait une contravention par semaine sur l’autoroute du coin !!!

 

Plusieurs sources naissaient dans la montagne, certaines directement au milieu des pentes. Jamais personne n’a cherché à les canaliser .

En fait , maintenant que des gens riches squattent le lieu de mes plus beaux souvenirs en y construisant des demeures cossues , quelqu’un s’est aperçu du problème et on a aménagé des bassins de rétention… faisant disparaître le plat en bas des pentes où les débutants apprenaient à glisser en poussant sur leurs bâtons … sans doute l’endroit où il s’est cassé le plus de coccyx de la région.

Pourquoi ???  Tout simplement à cause de l’eau des sources qui coulait et s’y répandait ou tout simplement la glace , un médium plastique , qui s’étend même si on la croit immobile .

Et si elle coulait là, elle coulait tout aussi bien dans les pentes, créant de petites rigoles bien encaissées que jamais personne n’allait jamais remplir de foin pour tenter d’y créer une surface dure sur laquelle ma neige s’amoncellerait.

Ces rigoles furent la cause de ma première chute …

Un blessé dans la no.5 … vite! Il faut descendre le traineau dans la pente la plus pentue …

On voit bien les skis en X à la moitié de la pente la plus pentue du Mt Hibou . Quelques personnes autour … Je saisis la barre avant et je zigzague rapidement vers le bas … pas trop difficile car elle glisse dans les virages . Impressionnant mais sans danger !

J’arrive au niveau du blessé , de la blessée en fait … un dame d’un certain âge et d’un poids plus que certain qui , de toute évidence n’était pas à sa place dans notre pente la plus difficile .

La demoiselle de la patrouille dont je vous parlais arrive juste derrière moi avec un collègue . Ils prennent en charge la blessée de façon très professionnelle … puis vient le temps de la placer dans le traineau.

Non mais qu’est-ce qu’il donnait à manger à la cafétéria ce midi là ? Des frites au plomb ??? La dame devait peser autant que la Statue de la Liberté – la petite – et , tout en faisant bien attention à sa cheville , parfaitement immobilisée , on a eu un mal de chien à la soulever . Tellement que je pensais suggérer de la rouler !! Il y a quand même une certaine décence à respecter donc on a stopper quelques skieurs qui sont venus nous donner un coup de main .

La patiente sanglé dans le véhicule , je reprends les rênes tandis que mon espoir amoureux se saisit de la corde attachée à l’arrière . Elle sert de poids mort … Enfin … elle devait faire 5 pieds  (155cm) et peser 90 livres ( 45kg ) , la fille !

Je me donne un élan et commence à glisser lentement en dérapant , conscient de retenir un poids pour le moins galactique .

Tout va bien , tout va bien … un peu plus de vitesse car la pauvre gémit en se plaignant du froid … la prochaine fois , tu iras en vacances en Floride ! que je pensais … mais ce n’est pas charitable du tout !!! Allez , un tantinet plus vite ….

C’est là que j’ai frappé la rigole – le trou – du bas de la no 5 !!!!!!!

En dérapage latéral , mes deux skis sont entrés directement dedans , un dénivelé d’une vingtaine de cm tout au plus. Ce qui a suffi à me faire tomber .

Le traineau et sa passagère m’ont passé sur le corps …….. on a dû entendre les cris de la pauvre dame de la montagne d’en face .

Je me suis retrouvé le nez directement en face des carres des Kneissl de ma future blonde qui tentait désespérément de stopper le Jaggernaut . J’ai levé la tête, attrapé la corde qu’elle tenait et servi de corps mort à tout cet équipage .

Je vous laisse réfléchir sur les bleus que j’avais sur tout l’arrière du corps ! Une semaine après , j’étais encore bleu !!

Oui , pas beaucoup de réparations dans les pistes du Mont Hibou . C’était pareil dans les pistes de skis de fond !

La femme du cousin de mon père … Georgette … venait faire du ski de fond avec mon père , ma mère et son mari . Elle était … comment dire … pataude ??? Je peux dire ça , pataude ???

Bref , une belle journée après une tempête de neige , voilà t’y pas Georgette qui se lance – pas vite – sur le sentier suivi de qui vous savez . Je tiens l’histoire de ma mère et je devrais l’enregistrer … Donc Georgette se lance et devance la petite troupe . A cette époque les pistes de skis de fond n’étaient pas entretenues comme maintenant , surtout ici … il y avait des hauts et de bas , des virages et des arbres , beaucoup d’arbres . Et pas terriblement de contrôle sur les skis .

Henri , le mari de Georgette , arrive en haut d’une petit butte et entend des cris . Il regarde la piste et voit que des traces n’ont pas suivis le sentier mais s’enfoncent dans la forêt pour soudainement disparaitre. Ne voyant personne à l’avant , il pense tout de suite à son épouse et accélère suivi de mes parents .

Il s’avance entre les arbres et voit un gros dôme rouge qui sort de la neige : les fesses de Georgette !!! La tête dans la neige , les skis enfoncés dans une ruisseau caché qui coulait encore , il ne restait plus de Georgette que ses fesses et le son de sa voix appelant au secours .

Mais là … comment faire ?

La pauvre Georgette avait la souplesse d’une pelle à neige ! Une force physique stimulée par des heures à jouer aux cartes  .  Et ses skis étaient pris dans le ruisseau , sous des branches …

Henri lui  sortit la tête de sous la neige ce qui n’aida pas au niveau sonore puis tous tentèrent de tirer et de pousser pour la sortir de son mauvais pas . Rien à faire … S’ils enlevaient leurs skis , les sauveteurs calaient dans la neige profonde et ne pouvaient plus lever … Il n’y avait comme solutions qu’une grue ou des pelles . Mon père retourna au chalet chercher des pelles et , une heure plus tard , Georgette était assise sur le bord du ruisseau , trempée , fourbue , incapable de se relever mais criant encore .

On dût aller la chercher avec un traineau.

A pieds.

Quelqu’un avait emprunté la motoneige de la station pour aller chercher un joueur de ballon balai dont l’auto ne démarrait plus …

Vous connaissez maintenant les priorités qui existaient au Mont Hibou !

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Les Gens de Qualité ...

11/18/2014

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Carte postale de St Quay Portrieux expédiée le 12 août 1924 de St Quay vers Biddeford , Maine !
L'expéditeur?
Le curé francophone d'une paroisse de Biddeford
Le destinataire ?
Le curé Laflamme , de la paroisse St Joseph à Biddeford , dont le souvenir est encore vivant dans la mémoire des catholiques du sud du Maine .
Le visiteur à St Quay annonce qu'il a abonné le curé Laflamme à une revue sur une quelconque Bienheureuse .
Ma question serait ce savoir ce qu'allait faire un prêtre québécois sur une plage , dans ces années où la pudibonderie faisait des affaires d'or . Et pourquoi une carte postale écrite de l'autre coté de l'Atlantique pour annoncer un vulgaire abonnement aux Pèlerins de la Bienheureuse Thérèse de l'Enfant Jésus ?
Quelque chose ne colle pas ... je crois qu'il y a un sens caché ...  un clin d'œil ou une annonce ...
Je le crois mais je sais qu'on ne le saura jamais : toutes ces personnes ont emporté leur secret dans la tombe - et depuis longtemps .

Tout cela en entrée de jeu pour vous amener à une comparaison entre la plage et la montagne que je viens de trouver dans le nouveau livre de Jean-Didier Urbain , l'anthropologue mondialement connu :
'' AU SOLEIL : Naissance de la Méditerranée estivale  '' , Payot , 2014


'' Bref , aller à la plage , c'est risquer de se dissoudre physiquement et socialement; et c'est donc s'abaisser - au niveau de la mer , en effet ! Aux ''Gens de qualité'' il faut tout autre chose. Il faut de l'altitude, de la distance, le vide du large ou la hauteur des cimes; et au minimum une certaine solitude , quoique partagée dans le cadre d'ermitages mondains . Il faut du vaste , de l'infini , de l'horizon dégagé ou l'immensité du panorama . Il faut être plus près de Dieu que des hommes , décidément trop humains sur la plage , voire encore moins ( nègres chez Michelet ; singes chez Flaubert ; poulets cuits en série chez Morand ; ou encore moules , crabes et phoques chez d'autres ) .

Les gens de qualité , de classe supérieure , sont des gens dominants , aériens , hautains , précisément . Leurs stations sur les hauteurs ou dans les terres , à l'image de cet état ''élevé '' , sont d'ailleurs plus volontiers climatiques que balnéaires . C'est que ''par nature '' ces gens voient les choses de haut , ou bien de loin , qu'il s'agisse de la mer ou du rivage , des paysages ou des hommes . Leur regard se doit de dominer , de superviser et d'embrasser . Non de pénétrer , de se mêler au risque de souiller, ou même de croiser celui des autres . Le regard des autres classes - ou alors et seulement en secret , à l'ombre...  ''

Je crois qu'il manque une phrase à la dernière ligne du texte , non ?? Étrange , cette lecture ...
Mais vous voyez l'idée , non ????
Est-ce que les grimpeurs , tout comme les marins de plaisance , rejettent le commun des mortels parce qu'ils ne sont pas , eux , des explorateurs et des aventuriers ? Quand même on ne serait qu'aventuriers du dimanche , on domine la plèbe qui bronze , tennis-se , court sa balle de golf , se selfie à en perdre haleine .
Et puis il y a l'instant d'effroi ... celui qu'on pourra raconter le lundi matin devant ses collègues de bureau ou de classe !

Moi , je ne sais pas ; et de toute façon je suis misanthrope ! Je ne fais que seul ...

Il y a bien le chat qui me suit dans toutes les pièces de la maison mais lui , il ne compte pas . Sans doute parce qu'il est meilleur grimpeur que je ne le suis !

Je vous encourage donc à lire '' Au Soleil '' de ce monsieur Urbain ... sans doute disponible dans toutes les bonnes librairies et bibliothèques .

Je note , par ailleurs , une diminution notable des visites sur mon site web . Dois-je continuer ? Trois mois dans quelques jours , trois mois que j'écris et vous amène du contenu neuf , totalement neuf , ce qui est beaucoup plus que bien des publications papier ou web . Dois-je continuer ? Je me le demande ...

A bientôt !
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Les Hauts et les Bas de Noel !

11/17/2014

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Voici une petite histoire de Noel.... vous allez me dire que ce n'est pas le temps !!! Ben voyons... vous êtes allés faire un tour dans les magasins ces jours-ci ? La Folie... et en prime , c'est une tempête de neige là , dehors !!
La photo ??? C'est un '' teaser '' adressé à un Français arrivé sur nos rivages il y a quelques années ... Personne ne me fera avouer , personne !

......................................................

LES HAUTS ET LES BAS DE NOEL
 

 

Foi de Père Noël, quel temps de chien!

 

De la neige et du vent, des inondations, des avalanches, des tempêtes, des vagues de froid! Et puis quoi encore, en ces temps de réchauffement climatique?

Je songe sérieusement à déménager mes quartiers généraux dans les Rocheuses : alors que l’Arctique se réchauffe, les Rocheuses se couvrent d’un blanc manteau de plus en plus épais.

Pourquoi pas? Rien n’est éternel sinon le changement. Les humains l’ont oublié durant les derniers siècles, depuis l’avènement de technologies qui protègent des aléas de la nature, du climat, des famines, des épidémies, des catastrophes naturelles. Heureusement qu’il reste encore la politique, qui demeure toujours changeante et toujours aussi bête. Quant aux politiciens… je leur donnerais volontiers des morceaux de charbon pour Noël… hélas, ils seraient assez tordus pour aller les vendre à des centrales thermiques polluantes!

 

Pour tout dire, je me demande bien où j’irai grimper, cette année, après ma distribution de jouets! La neige plaque toutes les falaises de France. L’Italie n’est guère mieux. L’Espagne de même. La pluie inonde l’Asie. Je n’ose plus survoler le Moyen Orient considérant le nombre élevé de missiles et de drones qui parcourent le ciel. L’Australie brûle. Dans quel monde vivons-nous?

Vais-je devoir me réfugier dans une salle? Une salle d’escalade??

 

Si vous saviez tout ce qu’on peut voir durant cette distribution de cadeaux! Un rapide survol de la planète permet de se rendre compte qu’elle est peuplée, en majorité, d’une foule de tristes fanatiques religieux. Ils croient en quelque chose qui, le plus souvent, les oblige à une vie morne faite d’interdits en tous genres et surtout à une détestation de tous ceux qui ne partagent pas leur credo. Toute cette amertume pour le vain espoir d’avoir une vie meilleure dans un au-delà après la mort! Comme s’il n’était pas plus logique de vivre une vie sans contraintes, une vie souriante et radieuse, dans l’univers visible qui est le nôtre. En prime, ces hurluberlus - tous camps confondus - ne croient pas en mon existence!

Mais il y a aussi des gens incroyables qui profitent au maximum du présent au grand dam des tristes sires qui veulent éteindre la joie de vivre librement.

Preuve en est que vous ne pouvez pas vous imaginer le nombre de spas et de bains tourbillons extérieurs, le nombre de piscines chauffées! Et la nuit de Noël… et bien j’en vois de toutes les couleurs. Il y a ces adeptes féminines de la chirurgie, dans les piscines, dont la vague causée par leurs implants rivalise avec la vague de proue d’un pétrolier. Implants qui pourraient être utilisés comme bouée en haute mer tellement… enfin… vous voyez la nature de la chose. Il y a les adeptes de la chimie à base de toxine dont le visage qui surnage souffre de rigidité cadavérique : le sourire est figé, les lèvres sont immobiles, le front est glacé et les yeux d’un grand fixe possèdent la chaleur de ceux d’un poisson empaillé. Sans compter les lyposucés, homme et femmes, qui ne flottent plus comme avant.

 

Je vous surprends? Les filles dans les piscines chauffées?

Mais bien entendu que le Père Noël a des sentiments… enfin, ce genre de sentiments et d’attractions on ne  peut plus terrestres! Absolument, je regarde les filles sortir des bains de minuit dans le plus simple appareil. Bien entendu que je jette un coup d’œil par les fenêtres de temps à autre… juste pour voir si on dort et surtout si on porte quelque chose en dormant. Le Père Noël n’est pas fait en bois…

Il m’arrive même de faire des rencontres! Furtives, bien entendu, mais de vraies rencontres où il se passe de vraies choses comme dans les films tard le samedi soir!

 

Pas plus tard que l’année dernière.

Je survole Ottawa et je me décide à faire un arrêt pipi ( oui, le Père Noël fait ça aussi! ) à la salle de Peter Slivka, Vertical Reality. Une grosse salle d’escalade, des murs et des dévers à faire peur, un peu comme le propriétaire. Facile d’entrer : le pauvre Peter range toujours sa clé de secours au même endroit depuis des années.

Donc je rentre et je fais ce que j’ai à faire dans des toilettes qui sont impeccables. Je vous les recommande. Je ressors et je me dis que je pourrais aller voir les nouveaux problèmes de bloc quitte à en essayer un ou deux. Je suis en avance sur ma cédule de livraison.

Je fais le tour de la salle d’en haut mais c’est, de visu, trop difficile pour mes maigres forces. Je descends dans la salle du bas, celle dont le centre est un îlot où on ressort par en haut en utilisant une passerelle pour rejoindre le deuxième étage. Ingénieux!

Là, sur les tapis de mousse bleue, une jeune femme est endormie, ses chaussons et son sac de magnésie à ses cotés. Incroyable! Le paranoïaque qu’est Slivka a oublié de mettre en marche son système de sécurité et cette grimpeuse est entrée par effraction. La nuit de Noël. Pour grimper.

Cela en dit long sur l’état de la vie sociale de la demoiselle… on ne fête pas Noël avec Facebook!

 

Je me penche et la secoue un peu. Elle ne peut rester là : si le propriétaire l’attrape, il va porter plainte et, être verbalisée pour avoir grimper, ça ne devrait exister que dans les pays des fanatiques cités plus haut.

Elle ouvre les yeux. De toute évidence, elle n’est pas accro ni au clostridium botulinum ni à la chirurgie. En fait, elle a de jolis yeux et son top coquin montre une poitrine comme je les aime. Rien de trop sous le soleil!

- Père Noël… je dois rêver…

- Mais non! Le Père Noël aime bien la grimpe, même celle en salle. Et tu fais quoi, seule, ici?

- C’est une longue histoire… mais il n’y a personne qui m’attend. C’est la nuit de Noël. Tout est tellement gai que ça en est triste. Vous savez, cette mélancolie qui nous prend quand la vie n’est pas ce qu’on souhaite, qu’elle ne sera jamais ce qu’on nous avait promis, que l’avenir est comme un long fleuve tranquille et que ce fleuve, ça ressemble drôlement à un large égout.

- Ma petite, tu aurais avantage à lire Onfray, le philosophe hédoniste… s’il ne te convertit pas à une vie de plaisirs, son verbiage a au moins l’avantage de paralyser toute activité cérébrale et d’endormir la douleur. Et tu as demandé quoi comme cadeau?

- Je n’y ai pas pensé. Vraiment pas pensé. Je ne suis pas attachée aux biens de la terre… j’aime vivre mes émotions…

- C’est un début! Vaut mieux vivre ses émotions que les manger. Regarde ce qui arrive aux USA : leur poids démographique va bientôt faire basculer l’axe de rotation de la Terre! Enfin, leur surplus de poids… certains individus y sont tellement gros que des gens entrent en rotation autour à cause de leur champ d’attraction! Une galaxie de Gros est en train d’y prendre forme.

- Père Noël … je ne vous trouve pas trop sérieux, là! Ce n’est pas du tout l’idée que je me faisais de vous. Et en prime, vous avez des chaussons et un sac de magnésie… donc vous grimpez!

- Tu aimerais du matériel d’escalade? Il y a ces nouveaux chaussons…

- Non … mais j’aimerais bien grimper… je suis seule depuis tellement longtemps…

- Ah! Tu veux que je t’assure? Que je te pare? J’ai encore une bonne demi-heure à moi. Et j’ai une corde dans le traîneau.

- Non, Père Noël!!! Je pensais à un autre genre de grimpe, un exercice plus prenant. Allez, dites oui! Juste pour cette fois… personne ne le saura jamais… j’ai été très gentille toute l’année.

 

Bon, que je me suis dis, juste pour cette fois… et je ne serai pas en retard. Je vais aller grimper au Muzzerone à la fin de la tournée… et elle est bien tournée, cette petite… N’allez pas croire que je trébuche sur tous les tapis de salle et que j’accepte toutes les invitations. Le Père Noël ne vient qu’une fois pas année et il se doit de faire preuve de discernement. Ce n’est pas comme les Lutins qui sautent sur tout ce qui bouge. Débridés, les Lutins!

 

J’ai donc entrepris de la déshabiller lentement – mais pas trop à cause de l’horaire chargé. Totalement nue, il ne me restait que ses bas à lui retirer. Des bas colorés à souhait, des bandes vives. Qui cachaient les plus magnifiques mollets de la Terre. J’ai un faible pour les mollets : pas massifs, pas des piliers de temple, pas des tiges maigres qui se terminent par une cheville osseuse. De vrais mollets comme Harlow ou Monroe… chacun a droit à ses goûts. Moi, je ‘’trippe’’ mollets.

Et Véra, car c’était son nom, et bien Véra avait de bien beaux mollets et de très belles qualités qu’elle s’est empressée de me montrer. Ah oui… Véra avait fait du ballet classique et elle est d’une souplesse à faire rougir un chat. Une chatte.

Je vous en dirais volontiers plus, je pourrais vous mentionner les sommets atteints et les fissures empruntées mais c’est une histoire de Noël et il y a des enfants dans la salle. Certains pourraient se faire une idée fausse du mythe du Père Noël. Je reste donc silencieux sur mes performances grimpistiques et sur l’œuvre de chair durant la nuit de la Nativité. Je pourrais par contre vous parler du bain de minuit observé à Kalymnos… un grimpeur alsacien et quatre naïades grecques dans le plus simple appareil…

 

Quoiqu’il en soit, je me suis ramassé avec Véra et ses mollets et ses bas. Elle avait eu son cadeau mais il me semblait qu’il y avait encore des zones d’ombre dans sa personnalité. Zones que je me devais d’explorer…

Alors j’ai pris les bas et je les ai jetés dans le traîneau. Elle a suivi sans trop regimber car retourner chez elle sans bas, en hiver… Elle était seule. Moi aussi.

On s’est donc retrouvé au Muzzerone, le lendemain de la virée, pour y grimper quelques longues voies. Au soleil, au bord de la Méditerranée, avec quelques bouteilles des Cinque Terre et tout le temps devant nous.

 

Vous savez quoi?

Ça m’a fait le plus grand bien. Moi aussi je me sentais seul. Toute cette folie sur la planète et personne à qui en parler. Vous allez me dire qu’il y a les Lutins! Mais essayez de sortir quelque chose de sensé de ces Lutins là! Il y a mon ami la Mort mais son horaire de travail est terriblement chargé. Il y a les trois zigotos qu’on laisse sortir périodiquement du Ciel et de l’Enfer parce que même les damnés ne peuvent les supporter et les anges n’ont pas la patience. Hélas, ils ne sont là que pour les mauvais coups… et Dieu sait qu’ils en font… encore avant-hier… le laxatif dans le verre de lait de… enfin… des horreurs…

Bref, Véra, pourquoi pas?

 

De toute façon, la tradition veut que j’aie une Fée des Glaces. Allez savoir pourquoi!

Donc j’ai demandé aux Lutins de renforcer la suspension du traîneau. J’ai aussi fait allonger la carrosserie et rembourrer le large banc qui est devenu un très large banc, un très, très large banc, vraiment moelleux.  Pas qu’il y a des nids de poules mais il faut éviter les inconforts de la route. Et comme les rennes connaissent le trajet par cœur!

Et j’ai fait accrocher les bas de Véra derrière le traîneau. J’aime bien la couleur. Et les bas de Noël, c’est une tradition millénaire. Ce qui me permettra d’avoir ses mollets à l’œil… Et s’il fait trop froid pour grimper en falaise, on retournera chez Slivka!

 

Vous ferez ce que bon vous semble de cette histoire de Noël. Le monde change : l’ombre du fanatisme et de la déraison plane sur notre terre. Le climat change aussi, comme toujours.

Mais tant qu’il y aura un Père Noël, un soupçon d’amour gratuit, un sourire à un ami, une bonne pensée pour autrui… et bien il y aura de l’espoir!

Surtout, tant qu’il y aura des montagnes et des falaises et des blocs et des gens pour y monter, on pourra croire que l’avenir est à ceux qui grimpent tôt.

 

- Ok, Véra… embarque dans la carriole… mais tu portes quoi sous cette couverture de laine polaire? Tu sais qu’il va faire froid!

Rien????

Véra… Véra… Véra…. Saute sur ce banc et laisse moi te réchauffer…

Allez, on grimpe!

 

Joyeux Noël !

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    Le Québécois Déjanté

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